L’ARMÉE DE LIBÉRATION DU SAHARA MAROCAIN__
_____Au lendemain de l’Indépendance du Maroc, on créa une nouvelle Armée de Libération du Sahara Marocain (ALSM) qui affronterait l’Espagne et la France, en vue du recouvrement des territoires marocains encore sous leurs dominations. Au Sahara, contre les Espagnols, c'était l’armée de Mohamed Benhammou Mesfioui comme chef. À Figuig, contre les Français, c’était le détachement de commandos de Mohamed Belhaj Boubou.
_____C’était dès lors le 2 mars 1956 que l’Empire Chérifien reprenait en main sa propre destinée historique. Cependant, il reste encore beaucoup de revers à rétablir et de terres à récupérer, sur les deux anciennes zones du protectorat. Il s’agissait du côté de l’Algérie-française, d’une superficie à coup d’œil de 517500 kilomètres carrés, située au-delà de Figuig, de Colomb Béchar, de Tabelbala, de Tindouf, d’Érg Iguidi, de Gara Jbilet et d’Érg Chech. La France devait ajouter à cela, le territoire de la Mauritanie qui appartenait historiquement au "Grand-Maroc" et qui allait jusqu’à la vallée du fleuve du Sénégal et de la région nord de Tombouctou. Elle avait, au Sahara marocain, borné une ligne de démarcation entre elle et l’Espagne. Selon la carte géographique du territoire spolié, l’itinéraire de cette ligne est de : - Lagouira vers le nord-nord-est sur 56 km, en passant par l’ouest de Nouadibou (ou Nouadhibou, dit Port-Étienne, en côte atlantique) jusqu’au niveau d’al Gargarat ; - vers l’est sur 408 km, en passant par Glay Aghaouyit et Adoukmar, jusqu’à Glayb al Yadknir (nord-nord-ouest de Choûm) ; - vers le nord sur 133 km, en passant par l’est d’Aghouinit, jusqu’à Sallaourich ; - vers le nord-est sur 168 km, en passant en arc (à droite) par Galb al Foula, jusqu’à l’est de Galb Dchech ; - vers le nord sur 280 km, jusqu’à l’est de Lamlaouya ou d’Amgli al Ghrem ; - vers l’est sur 333 km, en passant par aïn Bentili, jusqu’à Alous Naâm ; - vers le nord sur 150 km, jusqu’au niveau de Daya al Khadra ou du point à 37 km à l’est d’el Mahbas. Après ce dernier point, l’angle s’oriente sud-est vers Gara Jbilet en territoire de l’Algérie-française.
____Quant à l’Espagne, occupa le sud du Maroc en trois étapes : Rio de Oro (oued ad Dahab ou Souss ad Dakhla) en 1885, zone sol marriscos espagnol (Saguia el Homra) en 1912, l’enclave d’Ifni (sidi Ifni) en 1912. Elle avait administré sur la côte atlantique : Cap Blanco (Lagouira), Borba (Cap Barbas), Villa Cisneros (Dakhla), Cap Bojador (Boujdor), July (Tarfaya) et Ifni. Ce territoire était délimité au sud et à l’est par une ligne avec la zone française, de Lagouira jusqu’à Daya al Khadra, comme il est prescrit en haut.
_____De ce fait, en vue de la récupération des terres marocaines amputées illégalement sur la zone sud par la France et l’Espagne, une Armée de Libération du Sahara Marocain (ALSM) était mise sur pied par le Commandement et coiffée par le Parti de l’Istiqlal. À cet effet, en novembre 1957, l’ALSM prit à revers les garnisons espagnoles au Sahara en occupant Smara. L’armée espagnole se retira à Villa Cisneros (Dakhla), à Laâyoune, à Cap Juby (Tarfaya) et à l’enclave d’Ifni. L’Armée française, qui contrôlait la Mauritanie et le Sahara oriental, fut désarticulée par de meurtrières attaques sans répit de l’ALSM, notamment à Trarza, à Adrar, à Bir Moghrein (Fort Trinquet), à Lahmada de Tindouf, à Oum Laâchar,…En 1958, l’ALSM se retira vers le nord, particulièrement sur la zone d’aït Baâmrane, pour éviter l’encerclement de "l’opération Écouvillon" franco-espagnole (voir à ce sujet dans le même chapitre, le récit du chef du 9ème secteur et l’article du journal « L’opinion »).
_____Le vendredi 25 octobre 1957, on convoqua le lieutenant Kaddi Mellal à l’État-Major Général des Forces Armées Royales. Son Altesse Royale le Prince Héritier Moulay El Hassan le désigna à cet effet, pour aller combattre à nouveau dans les rangs de l’ALSM. Il exigea de lui de déposer sa demande de démission (provisoire) de l’armée. Il serait envoyé au Front en tant que civil et non comme militaire actif, le long de sa mission qui resterait confidentielle. Au cours de l’audience, le Prince lui recommanda d’être présent à chaque réunion trimestrielle du Haut Commandement de l’AL qui se tiendrait à Agadir. Il lui assura qu’il continuerait à percevoir sa solde (142.035 francs) sans changement et des indemnités de déplacement temporaires.
_____Le 1er novembre 1957, Mellal partit à la zone sud avec deux autres officiers désignés pour la même mission : le lieutenant Mrabti Ansari Mohamed ben Mokhtar et le sous-lieutenant El Harti Driss ben Naceur. Le commissaire de police Mostafa ben Atmane, lui aussi était avec eux. Après leur accueil à Guelmime (ou Goulimine) par Driss ben Boubker, chef du PC et adjoint du chef de l’ALSM (Benhammou), celui-ci assigna à Mellal le commandement du 11ème Secteur opérationnel à aït Baâmrane.